Disponible en CD.

EN CONCERT A l'ALHAMBRA LE 8 DECEMBRE.

Nous nous retrouvons en 2010 et le monde de la musique a toujours le regard trouble.
Pour ceux qui veulent être sûrs du lendemain, c’est le désastre.
Pour ceux qui estiment que le voyage importe plus que la destination, c’est une bénédiction.
Car si personne ne sait dans quelle direction vont les choses, disons que toutes les directions peuvent paraître bonnes.

An Pierlé & White Velvet sont donc en route vers quelque part.
La groupe s’est d’ailleurs toujours retrouvé entre deux points.
Entre  ‘rareté’ et ‘mainstream’.
Entre la ‘musicalité’ et la ‘théâtralité’.
Entre l’esprit anglais et le flair français.
Entre l’intimité et le climax.

An Pierlé & White Velvet ne sont pas à la recherche de quelque chose.
Un album, ce n’est pas une histoire brève, cela fait partie d’un dictionnaire inachevé qui doit encore être rempli pour la plus grande partie.
Une carrière, ce n’est pas un grand plan élaboré en détails à suivre à la lettre,  mais un boulot de longue haleine où l’on tente de construire sa propre identité.
C’est la marque de fabrique de ce projet, ce qui le rend unique.
Même si les choses ne sont pas toujours aussi faciles à suivre, une clarté immédiate se dégage à travers cette personnalité.

Il y a également des certitudes.

An Pierlé & White Velvet, c’est une histoire continentale.
Belgique, France, Suisse, Allemagne, Pays-Bas.
L’Angleterre, non... Car beaucoup trop complexe, malgré des soutiens sur place. 

Chaque étape nécessite beaucoup de temps.
Un petit pays s’entoure de nombreux Hinterland.
Mais l’étranger se conquiert patiemment, pièce par pièce, comme dans un jeu de dominos. D’où ces longues pauses entre les albums. Ce qui en même temps n’est pas une mauvaise chose pour la créativité.

L’aspect live est très important.
Toujours mieux de le voir pour le croire. An Pierlé & White Velvet aiment jouer et jouent beaucoup. Quelques centaines de fois par an.

Arrive maintenant Hinterland.
Les premières traçes se manifestent en 2009, après une année de repos.
Koen Gisen – moitié du noyau Pierlé/Gisen et guitariste, producteur, partenaire de vie – travaille chez lui plus longtemps que prévu sur des albums du The Bony King Of Nowhere et de Kiss The Anus Of A Black Cat.

An Pierlé –  l’autre moitié du noyau Pierlé/Gisen et claviériste, chanteuse, auteur  – découvre le software Garageband et commence à bricoler “des choses”. Elle peuvent naître en toute tranquillité dans un espace temps indéfini, sans devoir forcément servir à quelque chose de définif.

Gisen chasse l’esprit de ces maquettes et se met à jouer avec comme un enfant.

Le pro devient – consciemment – amateur.
Il joue les lignes de basse. Ce qu’il n’a jamais appris.
Il invente les parties de batterie. Ce qu’il n’a jamais appris non plus.
Etc., etc., ...
Les chansons sont taillées dans un costume minimaliste (basse, batterie, guitarre, claviers) et puis sont laissées en paix le plus possible.
On porte grande attention aux arrangements.
Mais on n’utilise guère d’additifs.
Rien dans les mains, rien dans les poches.

Les lignes de chant se font souvent en une seule prise.
Il faut que cela avance.
An est enceinte.
Cela se ressent dans sa voix.

Hinterland est d’une transparence musicale très spontanée.
Pas de structures complexes, mais des rhythmes et des grooves.
Pas de théâtralité, mais de la sobriété.
Pas des grandes gestes, mais de la frivolité.
Pas de petits sentiers escarpés dans les collines, mais plutôt une grande route rapide bien traçée.
Avec une largesse de style et ces quelques petits échos venant de cette partie des années 80 qui n’a pas encore été récuperée.

Autant le son est libre, autant le contenu sera fiévreux.
Le sens de la fiction d’An Pierlé est souvent d’un genre spéculatif.
Elle évoque des choses improbables, mais qui ne sont pas inimaginables en fait.
Par exemple des gens qui passent dans la rue en saluant de la main tandis que leur maison est en train de s’effondrer ou de brûler.
Parfois, elle essaie aussi de décrire ce qui l’entoure. Alors elle chante de façon très personelle. Sur le sommeil, sur l’insomnie.
Ou, plus largement, sur la peur de s’engager qui marque sa génération. La peur de faire des choix, la peur de se mettre à nu.
Elle ne comprend pas tout cela, elle ne connaît pas ces problèmes personnellement.

Hinterland est le contraste.
C’est l’album analphabète de punks un peu lourdeaux.
Un album transparent de chercheurs.
Un album noir de jeunes parents à l’humeur joyeuse.

Hinterland est comme son titre.
C’est un disque qui existe là où l’inspiration s’est arrêtée.
L’endroit où l’on se détache des automatismes et recherche l’aventure.
C’est une ode à la lisière, à  la périphérie.

Hinterland est un album qui est assez fort du An Pierlé & White Velvet.
Mais en même temps, un peu moins du An Pierlé & White Velvet...