"Down Like Gold" - Sortie le 17 mars

Champs, c’est Michael et David Champion, deux frères habitant le sanctuaire Victorien de bord de mer de Ventnor, sur l’Île de Wight, qui produisent une musique de la plus extraordinaire beauté. Leur nouvel album, Down Like Gold, a été enregistré au Studio Humbug, un ancien château d’eau installé à l’intérieur des murs d’Osborne House, la retraite de la Reine Victoria, dans le Nord de l’île. Conçu par le Prince Albert en 1845, le bâtiment possède un vaste étage supérieur qui abrite aujourd’hui un studio, sous un magnifique toit métallique qui fait office de chambre d’écho – une installation dont ce groupe tire le meilleur parti.

« Ventnor possède une sorte d’étrange atmosphère de style Côte d’Azur, » dit Michael. « Il y a beaucoup de palmiers dans le coin. C’est une vraie ville, avec de vrais gens qui y vivent. Certains endroits sont assez défavorisés, assez bruts… »

« Elle a une âme, » dit David. « On y rencontre toujours plein de gens intéressants, qui se contentent de vagabonder. Il n’est pas rare de voir des hommes extrêmement barbus transporter d’énormes sacs de compost. »

« Il y a beaucoup d’histoires étranges, par ici, » acquiesce Michael d’un signe de tête. « Il y avait beaucoup de trafiquants. Il y avait une certaine atmosphère. Ventnor est son propre petit monde et les gens qui vivent ici sont presque comme une espèce différente du genre humain. »

Champs est ressorti de la tour avec une collection de chansons frissonnantes, de la pure exaltation de la morsure mélancolique de « Too Bright To Shine » aux splendides méandres mélodiques de « My Spirit Is Broken » (qui a initialement été écrite, croyez le ou non, pour Rachel Stevens, bien qu’elle ne l’ait jamais eue). Le nouveau single, « Savannah », ne parle en réalité pas de leur amie Savannah, même si celle-ci est convaincue du contraire, tandis que la velvetienne « Pretty Much » est une chanson classique de rupture, qui décrit ce moment particulier où vous revoyez ces certaines personnes au bout de six mois, qui sortent et ont l’air heureuses, alors que vous êtes toujours une complète épave au cœur brisé. Puis il y a « Down Like Gold », une complainte incroyablement belle et totalement rongée par les soucis, qui évoque un paysage pris sous la glace.

« Ça parle des filles, » dit Michael, avec un petit sourire.

Et bien, comme toutes les plus grandes chansons, n’est-ce pas ? Champs écrit le genre de chansons que vous voudriez serrer fort contre vous, des chansons que vous voudriez partager, des chansons qui puisent dans l’amour des recueils folks et des joyaux piquants du rock alternatif. Par-dessus tout, il y a ces deux voix douloureuses, qui s’entremêlent et s’envolent toujours plus haut, comme les volutes de fumée d’un feu de bois par un après-midi d’hiver ensoleillé.

« C’est probablement de la faute des Beatles, » dit David. « On les a assez écoutés pour que ces harmonies soient enracinées dans nos têtes. »

« Nous adorons tous les deux ce sentiment d’émerveillement qu’on ressent en entendant des voix dans une cathédrale, » dit Michael. « Enlevez juste la religion… »

Michael et David ont donc grandi dans le minuscule village de Niton en écoutant les Fab Four et leur unique cassette de REM (Murmur) dans la voiture de leur mère pendant des années et des années.

« C’est très poignant maintenant, quand j’entends REM, » dit David. « Ça me ramène complètement à cette époque. »

Il y a un peu plus de cent ans, l’arrière grand-père des deux frères – Leslie Francis Rivron, connu sous le nom de Fiddler Rivron, un musicien suffisamment novateur pour être étudié au Royal College of Music – était censé être premier violon dans l’orchestre du Titanic qui allait bientôt lever l’ancre. Toutefois, il se rendit à Southampton, rencontra un vieil ami et fini par tellement se saouler dans un pub du quai qu’il rata le départ du bateau.

« Donc, réellement, notre groupe n’existe qu’en raison de l’amour d’un autre musicien pour l’alcool, » dit David avec un sourire. « Peu de gens peuvent dire ça, pas vrai ? »

Presque inévitablement, les descendants de Fiddler Rivron sont passés par une phase Britpop avant que Nirvana ne leur explose leurs petits cerveaux, mais c’est un acte de lâche cruauté qui a vraiment tout déclenché. Une nuit, alors que Michael n’avait que 16 ans, il s’est fait attaquer et salement tabasser dans le Nord, à Ventnor. Un ami, se rendant compte qu’il allait devoir en passer par de longues heures de guérison, pénibles et ennuyeuses, lui a apporté une guitare et tous deux se sont mis à écouter des albums de Leonard Cohen et de Bob Dylan. Plus tard, ils ont fait des maquettes ensemble, expérimentant avec de vieux magnétophones à bandes et de vieilles machines. « Ça a détourné mon esprit du fait que mon visage était bousillé, » dit-il maintenant en riant.

Pendant un moment, les deux frères ont été dans des groupes différents (ceux de Michael étaient obsédés par les Flaming Lips, ceux de David par les Fleet Foxes), mais il est rapidement devenu évident qu’ils avaient vraiment besoin de se débarrasser de tous les autres et d’unir leurs forces, et en voulant perfectionner leur technique, ils ont eu accès au monde souterrain des artistes et des musiciens de Ventnor, quand ils ont pris des leçons de guitare avec un rescapé du festival de l’Île de Wight de 1970.

« En fait, on pensait que c’était Donovan, » dit Michael en riant.

« La population de l’Île de Wight était de 90 000 habitants en 1970, » dit David. « Puis 600 000 personnes sont arrivées pour ce week-end et il est évident que certaines d’entre elles ne sont jamais reparties. Je pense que ça explique en grande partie l’étrange folie chargée à l’acide de l’île. »

Quand les deux frères ont commencé à écrire, ils ont développé des harmonies vocales d’une intensité unique et saisissante. Travaillant avec deux magnétophones à bande, ils ont compris comment faire du multipiste en écoutant Sleepy Jackson, Radiohead, Arcade Fire et les Beatles – tout particulièrement Revolver. Une des premières maquettes de Champs est arrivée jusqu’à Dermot O’Leary, qui a organisé une séance pour le groupe, largement copiée et partagée par des fans de plus en plus nombreux, qui ont aujourd’hui un disque incroyable à découvrir.

« J’aime les chansons qui n’essaient pas de passer en force, » dit Michael. « Les chansons qui sont très heureuses de ne rentrer dans aucun moule, ou de ne faire partie d’aucun mouvement. Les chansons devraient être bien plus sincères, plus authentiques que ça. »

« Aucun des musiciens que j’adore n’a de connaissance théorique de quelque sorte que ce soit, » opine David. « Il n’y a rien de scientifique dans la bonne musique, il s’agit juste de savoir comment les accords doivent s’enchaîner, quelle note va élever une mélodie. Ce sont des sensations, et de la passion. C’est vraiment simple. »