La chanteuse afghane Elaha Soroor et le duo de producteurs détenteur d’un award (Songlines Music Awards en 2017) Kefaya (Al MacSween et Giuliano Modarelli) ont joint leur talent pour un album à la fois poignant et hypnotisant mêlant un regard frais et vibrant de la musique folklorique Afghane à du jazz spirituel, de l’électro et de la musique indienne traditionnelle. Ils partagent aujourd’hui leur premier single ‘Jama Narenji’ ainsi qu’un documentaire co-produit par Amnesty International introduisant le projet.

Songs Of Our Mothers est une collection de chansons folkloriques traditionnelles interprétées par des femmes afghanes, inspirée de l’expérience d’Elaha fuyant l’Afghanistan. Le pays, dominé par les régimes américains et occidentaux depuis la fin du 20ème siècle, se trouve en proie à une oppression patriarcale et à une persécution omniprésente des femmes. Ces chansons racontent donc la joie, la douleur et la résilience transmises de mères en filles en pleine détresse mais célèbrent aussi la féminité, la sensualité et l’esprit de résistance. Comme le clame Elaha, cet album s’adresse « aux femmes autour du monde dont l’image a été effacée et dont la voix a été interdite ».

Née en Iran dans une famille de réfugiés afghans-hazara et de retour dans son pays natal en 2004, Elaha Soroor est d’abord devenue célèbre grâce à une émission de télé-réalité Afghan Star. Sa popularité croissante dans une société connue pour la persécution des femmes artistes-interprètes combinée à ses opinions franches sur les droits des femmes, a conduit à mettre Elaha en danger la forçant à fuir l’Afghanistan.

Suite à son arrivée à Londres en tant que réfugiée, Elaha rencontre le guitariste Giuliano Modarelli et le pianiste Al MacSween, fondateur du collectif primé Kefaya. Animés par un désir commun d’utiliser la musique comme outil de dialogue et d’action politique, ils ont forgé ensemble les thèmes, le concept et la musique de Songs Of Our Mothers.

« Notre premier album était très éclectique avec de multiples styles et langages. Bien qu’il y ait encore beaucoup d’influences musicales différentes sur cet album, nous avons aimé l’idée de collaborer avec un artiste et un concept spécifique, nous avons senti qu’Elaha avait beaucoup à offrir d’un point de vue artistique et politique. » racontent Al et Giuliano.

L’essentiel de l’album a été arrangé et enregistré en quelques jours à Oxford avec le batteur de longue date de Kefaya, Joost Hendrickx. Al et Giuliano ont produit et développé l’album avec l’aide de nombreux musiciens de renommées mondiales : Mohsen Namjoo (voix), Manos Achalinotopolous (clarinette), Yazz Ahmed (bugle), Sarathy Korwar (tabla/dolak), Tamar Osborn (saxophone baryton), Sardor Mirzakhojaev (dambura), Gurdain Singh Rayatt (tabla), Jyotsna Srikanth (violon), Camilo Tirado (électronique temps réel) et Sam Vickary (contrebasse). Venant des quatre coins du monde, les artistes participant à l’album reflètent la volonté de présenter un front uni internationalement dans l’expression musicale et politique.

Comme le dit Elaha « Aux yeux du monde, l’identité afghane est définie par le terrorisme, la guerre, les talibans et les femmes sans éducation, domestiquées, ayant besoin d'aide. J'ai essayé de montrer d'autres pans de l'Afghanistan comme la beauté de la langue, ma langue maternelle (le farsi), et la diversité de notre musique. Bien que les femmes soient actuellement confrontées à une violence extrême en Afghanistan, je vois beaucoup de problèmes similaires dans les pays occidentaux et à travers le monde. Cela fait partie d'une lutte universelle. »