23/02/2010 DIJON Théâtre Des Feuillants
24/02/2010 BESANCON Théâtre
25/02/2010 AUXERRE Salle le Silex
26/02/2010 BLOIS Le Chatodo
27/02/2010 NIORT Centre Culturel
09/03/2010 AUCHEL L'Odéon
10/03/2010 BEAUVAIS Magic Mirror
12/03/2010 L'ISLE D'ABEAU Salle De L'Isle
13/03/2010 MARSEILLE Espace Julien
16/03/2010 CLERMONT-FERRAND La Cooperative De Mai
17/03/2010 MONTLOUIS Espace Ligéria
18/03/2010 SAINT- BRIEUC La Citrouille
19/03/2010 RENNES Salle De La Cité
20/03/2010 HOUILLES Espace Ostermeyer
23/03/2010 VAL DE REUIL Théatre des Chalands
24/03/2010 PARIS L’Olympia
26/03/2010 LA REUNION, LE PORT Le Kabardock
27/03/2010 LA REUNION, LE PORT Le Kabardock

“Finistériens”


Il y a des rencontres inéluctables. Des routes qui semblent destinées à
se croiser, des chemins de traverse qui finissent par se rejoindre. Si
Christophe Miossec et Yann Tiersen n’avaient encore jamais emprunté la
même voie, c’est parce que l’un comme l’autre étaient trop occupés à
tracer leurs propres sillons en dehors des sentiers rebattus. Deux
parcours bien singuliers, qui ont fini par déboucher sur une étape
partagée. Il faut dire qu’il y a assez de points communs entre ces deux
voyageurs hors du commun : finistériens tous deux, terriens et marins à
la fois, Brestois, quoi … Un vrai tandem, sur le même t’aime, pour
paraphraser qui on sait. Des anathèmes miosseciens sur des thèmes
tierseniens, ou inversement, et tant pis pour les barbarismes.
Ca s’intitule « Finistériens », et ça n’est pas rien. Une réunion aux
sonnets, des harmonies amies, un unisson au diapason. Comme dit
Christophe, avec le sourire ravi de l’explorateur qui foule enfin un
rivage inconnu mais déjà familier, « je n’ai jamais aussi peu discuté
d’un disque, il n’y a pas eu de débat d’idées, tout a coulé de source
dans un laps de temps très court, comme un épaulé-jeté. »
Epaulé-jeté, mais pas copié-collé. Une véritable œuvre commune, un
accouchement à quatre mains  où l’un et l’autre s’assemblent, se
fondent, se confondent.  Inutile donc de chercher qui a fait quoi, de
la poule ou de l’œuf… Imaginez le travail. Miossec, dans son coin de
Bretagne, recevant par la poste des maquettes enregistrées sur fond de
vagues par Tiersen, pendant ses vacances aux Philippines. Puis tous
deux se retrouvant entre Brest, Bruxelles et Paris, pour élaborer,
arranger, déranger, peaufiner… avant d’inaugurer ensemble les chansons
sur scène, au début de l’année 2009, au cours d’une mini tournée à
guichets fermés. L’un joue de tous les instruments, l’autre déjoue tous
les pièges. Les écueils de la répétition, de la routine, du déjà vu et
entendu. Comme dit Miossec : « Je voulais aller ailleurs, éviter de
radoter, changer de paysage musical, ne pas refaire un énième disque de
folk, il y en a assez comme ça en ce moment… »
C’est ainsi, le septième album studio de Christophe Miossec ne
ressemble à aucun des précédents… ou à tous à la fois. Indéniablement,
c’est du Miossec, du vrai: ces galops de rimes à l’émotion contenue, ce
lyrisme cru au romantisme farouche, cette voix à fleur de gorge, ces
odes douces amères à la houle frissonnante, au ressac irrégulier, à
l’image de ces mélodies qui serpentent et s’insinuent. Y’a du tangage,
y’a du roulis, mais comme bercés, enveloppés des brumes sonores tissées
par Yann Tiersen, à la fois drues et aériennes, compactes et précises,
aux reflets quasi symphoniques, pianos, cordes, guitares et percussions
unis dans le même mouvement ondulatoire.
Un disque de ruptures, aussi, au pluriel nullement pleurnichard. De «
Seul ce que j’ai perdu (m’appartient à jamais) », énigmatique citation
empruntée à l’écrivain Elisa Félix, dite Rachel, à « Loin de la foule
», éloge de l’art de se taire pour aimer mieux, en passant par « Quai
Montparnasse », évocation d’un départ pas vraiment annoncé, sur fond de
traditionnel américain, Miossec, éternel amoureux transi et fidèle
amant transitoire, revisite sans redire, ressasse sans rabâcher, le
tumulte des sentiments et les tourments des relations humaines. Chantre
de l’amour et de la haine aussi, (« qui ne font qu’un parfois »), comme
dans « Haïs moi » (prononcé « Aïe moi »…) fière supplique en quête de
pardon rédempteur, ou « Nos plus belles années », féroce diatribe
contre la dépendance affective, inspirée par un téléfilm italien. Ou
encore « Fermer la maison », texte au départ destiné à Bashung, qui
décrit la destruction inexorable, « pierre par pierre, brique par
brique », d’une relation amoureuse qu’on croyait pourtant bâtie sur du
roc.
Quand il était journaliste à Ouest France, il y a déjà des lustres de
cela, Miossec affectionnait particulièrement les sujets sociaux, ceux
qui lui permettaient de parler des gens, tout simplement. Des affinités
que l’on retrouve dans des chansons comme « Les chiens de paille »,
implacable constat (écrit bien avant la crise) d’un monde du travail en
proie à la désespérance, « Les joggers du dimanche », footing
mélancolique, « Jésus au PMU », émouvante prière de comptoir, ou « CDD
», allégorie conjoncturelle de l’histoire du type qui tombe du
vingtième étage et qui murmure, en passant devant le huitième, «
jusqu’ici tout va bien… »
L’air de rien, « Finistériens »,  album brestois buriné et sculpté à
quatre mains, mi-Tiersen, mi-Miossec ( Tierssec ou Miossen ?), marque
une nouvelle étape dans la carrière d’un bourlingueur pas encore rangé
des embruns. Un disque qui brûle, qui boit, qui baise, qui prend et qui
étreint. Tout Miossec pour le prix d’un.