Bien qu’elle ait commencé à composer des chansons dans sa tête à l’âge de six ans et à jouer de la guitare à l’âge de douze, il a fallu du temps à Nilüfer Yanya pour trouver le courage de se dévoiler.

Nilüfer grandit dans l’est de Londres au milieu de trois frères et soeurs et de parents artistes (les oeuvres de son père ont été exposées au British Museum). Lorsque Nilüfer, adolescente, commence enfin à monter sur scène avec un premier concert au Troubadour, elle est partagée entre anxiété et excitation.

Depuis peu, Nilüfer se rend dans le pays natal de son père : la Turquie. « Avant, ce n’est que l’endroit d’où venait mon père, mais maintenant c’est devenu un endroit symbolique pour moi » raconte Nilüfer. « C’est excitant de savoir qu’il y a un autre endroit auquel on peut appartenir. Mais j’ai aussi l’impression d’appartenir à Londres. »

A l’âge de 18 ans, Nilüfer uploade plusieurs démos sur SoundCloud, il ne faut pas pour longtemps qu’elles retiennent l’attention. Elle enregistre ensuite trois EP (Small Crimes en 2016, Plant Feed and Do You Like Pain? en 2017) dans le label indé très connu de Londres, Blue Flowers puis signe avec le label indépendant New Yorkais ATO avant de gagner sa place parmi les artistes de la Longlist de la BBC en 2018.
Par la suite, Nilüfer apparait également dans The Fader parmi les artistes anglais à écouter. Elle s’est également produit en première partie d'artistes comme The XX, Interpol, Broken Social Scene et Mitski.

Nilüfer n'a jamais pris la grosse tête et oublié ceux qui l'ont encouragé, elle a même pris pour habitude de les emmener avec elle. Plutôt que de s'ancrer dans une musique pré-existante ou de faire appel à des producteurs de renom, elle préfère quand elle peut, travailler avec des collaborateurs de longue date.
Ses partenaires de live, Jazzi Bobbi et Luke Bower qui ont co-produit le single 'Heavyweight Champion Of The Year’, sont d'ailleurs de vieux amis.

Miss Universe, son nouvel album, est enregistré dans le studio où Nilüfer avait l’habitude d'aller avec son oncle Joe.

Pour l'artiste de 23 ans qui mélange des éléments de soul et de jazz avec sa pop musique intime, le minimalisme est la clef et les intermèdes entre les notes sont tout aussi importants que les notes elles-mêmes. Souvent portées par une guitare solo, ses chansons sont intenses mais épurées, sa voix est sensible mais provocante.

Avec ce nouvel opus, Nilüfer décide de mettre à l’écart ses vieilles chansons comme celles de l’EP Do You Like Pain? pour construire un album avec uniquement des nouveautés. Le nouvel opus est plus ambitieux que tout ce que Nilüfer a déjà réalisé et le résultat est extraordinaire. De la chanson très dynamique ‘In Your Head’ aux sonorités de game boy des années 80 plus profondes
de ‘Baby Blue’, l'album est audacieux et innovant tout en ne s’éloignant jamais vraiment du son très particulier qui rend Nilüfer si spéciale.

Le sentiment d’anxiété propre au monde moderne est omniprésent tout au long de Miss Universe en particulier dans les intermèdes musicaux constitués de messages automatique provenant d’une société fictive de gestion de la santé WWayHealth.

« Miss Universe est la voix au téléphone » explique Nilüfer. « Elle s’appelle Miss Universe pour qu’elle ait l’air amicale. C’est comme les voix automatiques que nous entendons mais auxquelles nous ne pensons même pas. C’est une voix d’autorité ancrée dans notre société moderne, qui vous dit quoi faire sans que vous en soyez conscient ».

Cette année, Nilüfer emmènera Miss Universe sur la route en première partie de Sharon Van Etten avant sa propre tournée à Istanbul (lieu de naissance de son père) en mars. Entre temps, elle donnera de son temps à 'Artists in Transit', une association d'art à but non lucratif qu'elle a fondé il y a quelques années avec sa soeur Molly, association qui donne des cours d'art et de musique à des réfugiés arrivés en Europe.