Ep "In Want of Something" en version digital disponible le 4 juin 2012.

LP disponible le  8 octobre 2012.

À l’heure où vous lisez ces lignes, Entropology est un succès qui dure. Sorti à l’automne dernier en Belgique, ce premier album joliment troussé a remporté tous les suffrages : concerts joués à guichet fermé, disque d’or en une poignée de semaine, nominations aux Music Industry Awards, etc. Le rock belge n’avait pas connu une telle fièvre depuis – osons le dire – Deus.

Pourtant, tout a commencé de manière impromptue, lorsqu’un ado se fait offrir une guitare pour ses 16 ans. Cet ado, c’est Johannes Genard, le futur leader et chanteur de School is Scool : « J’adorais Nirvana, j’adorais les jouer, mais la première fois que j’ai écouté les Pixies, j’ai su que j’avais envie d’avoir un groupe, de crier très fort, et de donner des titres idiots à mes chansons ! » Très vite, il rencontre le percussionniste Andrew Van Ostade avec qui il joue dans un groupe de rock, puis Nele Paelinck (violon et claviers) dans une formation folk où ils officient tous les deux. Quant à Matthias Dillen (batterie), c’est l’un de ses amis de fac. Mais c’est seulement lorsqu’il est nominé pour le plus grand concours de rock en Belgique, le Humo’s Rock Rally, que Johannes réalise qu’il va falloir s’entourer pour être plus fort. « J’ai enregistré des chansons en solo dans ma chambre, sur un ordinateur, se souvient-il. Lorsque j’ai été sélectionné pour le Humo’s Rock Rally, ça a été une énorme surprise. Là, j’ai réalisé que je ne pouvais pas jouer seul… Le concours était une semaine plus tard et je n’avais pas d’autres musiciens à mes côtés ! C’était affreux pour moi qui rêvais d’une belle orchestration… Je devais inviter les meilleurs que je connaissais. Et c’était Nele, Andrew et Matthias. Toon Van Baelen, notre bassiste actuel, est arrivé quelque temps plus tard. Nous n’avons pas tout de suite réalisé que nous étions devenus un groupe. Or, quand nous avons gagné, c’était déjà trop tard, la machine était lancée ! »

Trop tard aussi pour changer de nom, School is Cool étant le nom de la page MySpace de Johannes, choisi pour son potentiel ironique. « Au début, le reste du groupe me détestait à cause de notre nom, sourit le chanteur. Mais il faut bien admettre que c’est plutôt catchy ! Finalement, c’est tellement ridicule et stupide que c’est vraiment cool, et tout le monde le retient immédiatement… ». En effet, School is Cool s’empreint dans nos esprits et n’est pas prêt d’en ressortir tout comme sa musique, elle, s’accapare nos oreilles sans autre forme de procès. Entropology (néologisme de Johannes inspiré par le travail de Claude Levi-Strauss) est un écrin de 16 morceaux d’un rock cérébral à l’orchestration ciselée mais aux ambitions résolument pop et accrocheuses. Et pour cause, c’est le Das Pop Reinhard Vanbergen qui s’est attelé au mixage et à la production de l’album. Le brillant multi instrumentiste a capté l’essence du groupe tout en bousculant ses principes, comme en témoigne Johannes : « Reinhard nous a demandé quel était notre groupe préféré et que nous avons tous répondu en chœur “Arcade Fire !” Il nous a répliqué : “Très bien, nous allons donc ne pas sonner comme du Arcade Fire” ».

Si l’ombre du groupe canadien plane forcément sur Entropology, on entend l’influence des références, ô combien éclectiques, de School is Cool, qui vont des Dodos à Bruce Springteen en passant par Kate Bush et Paul Simon époque Graceland. Entre cinq titres à couper le souffle, un interlude permet de reprendre sa respiration. « Nos chansons sont très courtes, très relevées. Tout comme celles des groupes punk, des Pixies ou encore des Beatles des débuts. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas plus facile de faire des chansons qui vont à l’essentiel. Loin de là… » Entouré d’amis en école d’art ou de cinéma, élaborant chaque morceau comme un scénario de film, School is Cool soigne autant le fond que la forme. Et l’auditeur tombe, forcément, dans le piège de titres décoiffants comme « In Want Of Something », « New Kids In Town » ou « Warpaint » : « La plupart des premiers disques actuels porte le même nom que le groupe, qui figure forcément sur la pochette, qui enregistre plein de chansons et choisit les meilleures, avec les singles en premières pistes, etc. School is Cool voulait proposer autre chose : une véritable expérience. La dynamique interne de l’album était très importante. Quand les chansons ne se répondent pas mélodiquement, elles s’accordent du point de vue thématique. »

Contrastant avec les rythmiques entraînantes de l’album, les paroles tournent autour d’une société qui va mal, des doutes existentiels et de la post moderne solitude. Bref, « le chaos. On s’attend toujours au pire, même la fin du monde », explique Johannes. D’où l’irrésistible ouverture « The World Is Gonna End Tonight » dont le violon lancinant et le chant habité valent toutes les potions multi-vitaminées du monde. Les anciens calendriers mayas ont du souci à se faire : la bande originale du 21 décembre 2012, ce sera School is Cool. L’apocalypse attendra au moins leur second album, déjà en préparation…