CD Digipack et LP disponibles le 20 août 2012.

“On était brouillés à un tel point que je ne pensais pas qu’on se reparlerait un jour” - Dan Hawkins

“On a toujours su qu’ils se réconcilieraient. Les frères se réconcilient toujours.” - Simon Price, Independent On Sunday, 2011

L’ascension, la chute, et la nouvelle ascension de The Darkness contiennent tous les ingrédients d’un opéra rock classique. On connaît l’essentiel de l’histoire : un groupe de hard rock fêtard et pas branché de Lowestoft se fraye un chemin jusqu’au circuit des pubs de Camden, se constitue grâce au bouche à oreille un public qui remplit les théâtres, sans avoir de contrat discographique, puis accède rapidement à la célébrité mondiale et vend plus de trois millions d’exemplaires de son premier album dans le monde entier, remporte trois Brit Awards et devient l’un des plus grands groupes de rock britannique des années 2000. Le bassiste charismatique se fait virer après une dispute acrimonieuse pendant l’enregistrement du deuxième album, excellent mais vicié, qui n’est certifié ‘que’ disque de Platine. Le chanteur claque, soi-disant, une somme estimée à 150 000 livres en cocaïne. Les autres essaient de lui faire suivre une cure de désintoxication, et il dit “oui, oui, oui”. Le chanteur quitte le groupe et se brouille avec son propre frère.

On sait moins ce qui se passe ensuite, après la dramatique disparition de The Darkness en 2006. Le chanteur, Justin Hawkins, lance son propre groupe, Hot Leg, se plonge dans la production (pour preuve, voir ‘The Church Of Rock’n’Roll’ de Foxy Shazam) et écrit des chansons pour d’autres artistes (Meat Loaf, Adam Lambert et d’autres encore). L’ex-bassiste, Frankie Poullain, écrit une autobiographie “absurde et anticonformiste”, ‘Dancing In The Darkness’. Les membres restant de The Darkness – le guitariste Dan Hawkins, le batteur Ed Graham et le bassiste des derniers temps, Richie Edwards, refont surface sous le nom de The Stone Gods. Puis Ed les quitte en raison de problèmes médicaux nécessitant une double opération de la hanche. “Je suis passé d’avoir de l’argent et de faire partie d’un groupe à succès”, se souvient-il, “à être fauché et à marcher en boitant.”

Pendant ce temps, la fracture de la relation fraternelle met très longtemps à guérir. “Quand je suis parti,” explique Justin, “Je pense que Dan a été blessé par ce qui ressemblait à un acte égoïste. Mais je commençais à devenir tellement gros que je risquais de faire une crise cardiaque, de mourir sur les toilettes comme Elvis. Je gonflais de façon exponentielle. Et une partie du processus consistant à redevenir sobre supposait d’arrêter de boire et de changer de situation. Dans mon esprit, je faisais seulement un break avec The Darkness, mais je savais que ce n’était pas juste pour les autres de les faire attendre, donc je suis parti.” Le point de vue de Dan sur la rupture est similaire. “Ça nous a pris du temps pour nous retrouver. Beaucoup de choses s’étaient passées. On se rencontrait dans des réunions de famille, on marchait sur des oeufs.”

Si le rock’n’roll les a séparés, le rock’n’roll les réunit à nouveau. En mars 2009, Hot Leg joue à Brighton, où vit Dan, et Justin l’invite au concert. “Ça a été le premier pas,” se souvient Dan. “Une étreinte pour se dire bonjour.”  Deux mois plus tard, Hot Leg est de retour en bord de mer pour le festival The Great Escape et, après beaucoup de cajoleries et l’insistance du public, Dan rejoint Justin sur scène pour une interprétation historique de “I Believe In A Thing Called Love”, traitant au passage son frère de “véritable connard”, dans ce que Dan appelle “un grand moment à la Spinal Tap. (c’est sur Youtube, jetez-y un oeil.) “Je pense qu’il a réalisé que ça lui manquait,” dit Justin. “Et j’adorais être dans Hot Leg, mais ça n’avait pas la magie de The Darkness. Ce n’était plus qu’une question de temps.”

“Ce qui s’est passé ensuite, “ se souvient Dan, “c’est que j’attendais un bébé, et tout le truc familial s’est mis en branle. Justin a déménagé pour revenir à Lowestoft, et j’ai fini par dormir chez lui à Noël. Certaines personnes, quand elles se retrouvent, jouent à des jeux vidéos, d’autres regardent la télé, nous on a tendance à gratouiller nos guitares.” Peu après, Justin rend visite à Dan à West Hampstead. “Son appart’ était tellement petit que tout son matos était dans sa chambre, c’était son studio. Il était inévitable qu’on se mette à écrire. Le premier truc qu’on a fait s’appelait ‘Can't Believe It's Not Love’ (qui n’est pas sur album). La seule question était de décider si c’était pour The Darkness, ou si on voulait en faire quelque chose d’autre.”

Pendant ce temps, les autres membres de The Darkness  eux aussi rompent la glace. Frankie envoie un email à Justin pour aller faire une partie de tennis de temps à autre, et Ed tombe sur Frankie et Dan à plusieurs reprises à Camden. “Je croisais Dan au Spread Eagle (un pub), mais on n’était pas dans les meilleurs termes. J’avais entendu dire que The Darkness allait se reformer, mais je supposais que ça serait sans moi, alors j’ai envoyé un email à Justin pour clarifier les choses. Il m’a répondu ‘On écrit des chansons, et on aimerait essayer avec les membres originaux.’ Et tout le monde semblait d’accord pour dire que c’était la meilleure idée.”

“Il était assez évident que les gens voulaient voir la formation classique”, dit Justin. “Il s’était passé des trucs avec Frankie, mais c’est un gars intéressant, c’est agréable de passer du temps avec lui. Et Ed a eu ses problèmes de santé qui l’ont obligé à quitter The Stone Gods, mais il va bien, maintenant.” Psychologiquement et émotionnellement, la formation Hawkins-Hawkins-Poullain-Graham s’impose naturellement. “On a écrit les premières chansons avec Frankie et Ed,” dit Dan. “Et puis, on ne voulait pas repartir de là où on s’était arrêtés. On voulait revenir aux débuts, ce qui n’était pas évident – ça impliquait une bagarre d’ego – mais a amené une certaine magie.”

“Je suis dans un groupe avec mon frère et mes deux meilleurs potes…“ - The Darkness, “Every Inch Of You”

Tout commence, comme bien des grandes choses, par un curry. Début 2011, une rencontre est organisée dans un restaurant indien de Swiss Cottage. “Ça a été un vrai sommet”, dit Justin. “Le souci, c’est qu’on s’était tous cassé du sucre sur le dos les uns des autres.” Frankie est très surpris de recevoir cette invitation. “Le repas a été plutôt tendu. Je suis arrivé le dernier. Mais le jalfrezi a fait des merveilles.” “La conversation était polie,” se souvient Ed, “un peu difficile, on prenait des nouvelles les uns des autres. Et puis, à la fin, Justin a dit ‘Bon, Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?’”
La réponse : revenir exactement là où ils ont commencé. Le quartet se réunit à nouveau une semaine plus tard au Café Studio de Lowestoft (l’ex- Soundhouse), où Justin, Dan et Ed répétaient quand ils étaient ados. “C’était important de se tenir à l’écart de Londres et de revenir à nos racines,” dit Dan. “C’était une période d’essai, pour voir si on allait s’entendre,” dit Ed. “Mais les chansons sont vissées en moi.” Vissées peut-être, mais aussi un peu rouillées. Justin : ”La première chanson qu’on a faite, c’était “Growing On Me”, et ça sonnait comme de la merde. Dès qu’elle a été finie, on a tous été pris d’un fou rire. C’est là que j’ai su que ça allait bien se passer.” Frankie acquiesce. “On a été épouvantables. Je n’avais pas joué de basse depuis six ans – ce n’est pas un instrument dont tu joues tout seul dans ton coin. Mais à la fin, on a souri et c’était OK.”

Quand on lui demande en quoi l’atmosphère au sein du groupe a changé après un arrêt de cinq ans, Justin répond, “si on regarde de vieilles photos, on était fatigués et bouffis... Mais maintenant, on fait beaucoup de yoga ! Dan et Frankie boivent encore un coup de temps en temps, mais Ed et moi, on joue au Scrabble sur l’iPad.” Comme le dit Ed, “On est plus vieux, plus sages et un peu plus professionnels.”

L’enregistrement du troisième album de The Darkness commence dans le propre studio de Dan, Leeder’s Farm, et se poursuit au légendaire Rockfield, au Pays de Galles (“J’avais de mauvais souvenirs de Rockfield,” dit Ed, “alors j’ai délibérément choisi la même chambre pour les exorciser”), avec quelques finitions à Hoxton. Produit par le groupe avec l’aide de Nick Brine (Stone Roses, Oasis, Will.i.am), il est mixé par Bob Ezrin, qui avait auparavant produit le ‘hit festif’ de The Darkness, “Christmas Time (Don’t Let The Bells End)”. “A chaque mix qu’il renvoyait”, dit Justin, “on faisait 'WOW'.”

Deux mois seulement après le début de l’enregistrement de Hot Cakes, on leur propose de jouer au festival Download en deuxième position sur l’affiche, juste en dessous de Def Leppard. “On avait toujours eu l’intention,” dit Frankie, “de terminer d’abord un nouvel album – on ne voulait pas exploiter le passé – mais les gens de Download ont entendu dire qu’on était à nouveau ensemble, et on n’a pas pu dire non.”

Après une tournée d’échauffement qui débute par un concert tout près de leur ville natale, à Norwich (“un baptême du feu” dit Frankie, “on a tout joué à cent à l’heure, tellement on était nerveux” dit Ed), The Darkness se retrouve face à un immense public pour la première fois depuis le split. “A Download, on s’attendait à une certaine hostilité,” se souvient Justin, “et ça a été le contraire : les gens s’éclataient ! Je pense que c’était le parfait timing. Les gens étaient contents de nous voir revenir.” Ed acquiesce. “Il aurait pu y avoir des gamins fans de metal nous jetant des bouteilles de pisse, mais ils chantaient tous en chœur.”

Personne n’est plus stupéfait de cet accueil enthousiaste que Frankie. “Mes attentes étaient plus basses que celles des autres. A cause de la façon dont je me suis fait virer, les gens me disent souvent des trucs négatifs au sujet du groupe. Je pensais qu’on s’en sortirait mieux aux States. On a encore du pain sur la planche aux États-Unis, où il y a un véritable appétit pour le rock’n’roll bon vivant.”

Il a raison. Après le succès de sa tournée anglaise hivernale, The Darkness fait un retour surprise dans les consciences américaines quand Justin apparaît dans une pub Samsung, à la mi-temps du Superbowl, chantant “I Believe In A Thing Called Love”, envoyant la chanson au sommet du classement des ventes rock d’iTunes, et ouvrant la voie à une tournée américaine accueillie avec enthousiasme cet été.

Donc – après la petite affaire de famille que constituera leur propre mini-festival à Thetford Forest, le samedi 14 juillet - The Darkness passera l’automne à faire la première partie de la tournée européenne Born This Way Ball de Lady Gaga, une association irrésistible pour les fans de Little Monsters comme pour ceux de The Darkness.  Mais comment s’habiller pour l’occasion ? Comment Justin Hawkins peut-il espérer être à la hauteur de la pop star la plus flamboyante de la planète ? “Frankie a dit ‘Il faut qu’on porte le plus de néons possible pour que ça passe‘, mais j’ai répondu, ‘On est déjà engagés, on n’a pas besoin de faire ça…’” Dan se souvient d’un plan encore plus bizarre. “On a eu une idée, tout le monde aurait sa propre scène représentant un époque historique différente, et s’habillerait en conséquence. J’incarnerais l’Égypte ancienne, Frankie un philosophe grec, Ed un Maya, et Justin l’Invincible Armada espagnole.” Evidemment…

A ce moment-là, Hot Cakes sera en vente, et se vendra comme, bon, vous savez quoi. Autorisation de décollage…

Le groupe sera en Europe cet été pour plusieurs festivals avant de rejoindre Lady Gaga en première partie de son « Born This Way Ball European Tour 2012 » (le 22 septembre au Stade de France).